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Pourquoi avoir créé l'album "Anna" ?

Le concept-album Anna ne cumulerait-il pas tous les handicaps ? Pourquoi avoir choisi d’écrire une histoire d’amour durant la révolution russe ? Et, par-dessus le marché, pourquoi avoir composé une musique rock progressive pour l’illustrer ?

En effet, l’un comme l’autre ne sont pas vraiment en odeur de sainteté dans notre société actuelle : il ne reste plus grand-chose des idéaux de la révolution russe qui inspire plus souvent la condamnation sans procès alors qu’un simple examen de la situation d’alors permettrait de l’expliquer.

Le rock progressif, quant à lui, fut la musique « à la mode » des années 70 avant de subir un déclin radical dès 1977 avec l’arrivée du mouvement punk. Il fut très critiqué pour son côté soi-disant pompeux et prétentieux. Mais il survit aux années 80 et recommence à sortir la tête de l’eau durant les années 90 grâce à quelques groupes, notamment de métal progressif (Dream Theater) pour s’épanouir à nouveau durant les années 2000 avec une production d’albums de plus en plus importante, en quantité et en qualité. N’empêche que le rock progressif subit encore de nombreuses critiques non fondées de la part de détracteurs emplis de préjugés : ils ne voient dans le rock progressif qu’une musique orgueilleuse, grandiloquente et nombriliste alors qu’il ne s’agit finalement que d’une musique libre mais élaborée au niveau de la composition, des textes et de la technique instrumentale (voir à ce sujet mon article sur le rock progressif).

Tout ça pour dire qu’il faut quand même une bonne dose de culot, mon vieux Puzzle King, pour sortir un album de ce type ! Ou alors il faut de bonnes raisons. Dans les lignes qui vont suivre, cher lecteur, je vais remonter un peu le temps pour vous expliquer la raison d’être de ma musique et ce qui m’a inspiré le scénario d’Anna. Allons-y, attachez vos ceintures !

Il suffit d’un minuscule déclic pour enclencher tout un processus de création utilisant inconsciemment le passé, le vécu d’un individu. Pour moi, ce déclic fut l’écoute en 2008/2009, d’un morceau du groupe de rock progressif polonais Riverside intitulé « After ».

Le côté slave, les chœurs ont orienté mon inspiration vers la Russie et sa révolution de 1917.

De plus, ces mêmes années, la jaquette du cd « Empires never last » du groupe Galahad représentant la prise du Reichstag par l’armée rouge m’entraine dans la même direction. Enfin, toujours au niveau musical, un morceau du groupe de pop anglais Deacon Blue (Let your hearts be troubled) me revient à l’esprit et enfonce encore le clou : c’est décidé, cette période de l’Histoire me touche, tentons d’écrire là-dessus… Mais pourquoi cette révolution russe m’attire-t-elle ?

C’est finalement assez simple. Comme le chantait Jean Ferrat : nul ne guérit de son enfance. J’ai été élevé dans une famille de protestataires, ancrée fortement à gauche. Il faut dire qu’on roulait quand même en Lada (enfin quand ça roulait), et que certains soirs, les réunions de cellule se déroulaient à la maison jusqu’à tard dans la nuit. Musicalement, dans la discothèque familiale, à côté des incontournables de la chanson française (Jacques Brel et Georges Brassens) trônaient d’autres artistes moins connus mais plus engagés (le second étant la cause du premier ?) : Marc Ogeret, Francesca Solleville, Jean Ferrat (l’exception : connu et engagé), les chœurs de l’armée rouge, des disques sur la Commune de Paris (celle de 1871, pas celle de Delanoë !), des disques de chansons traditionnelles russes (Plaine oh ma plaine, la varsovienne, le chant des partisans, etc…). Puis on écoutait aussi beaucoup d’opéras, d’opérettes, de musique classique : c’est là que j’ai été bouleversé par Satie, Albinoni (et son adagio) et Edward Grieg (Per Gynt) entre autres. Ceci fut mon enfance.

Puis, en 1980, vient l’adolescence. Lors d’un voyage scolaire en Allemagne chez un correspondant, mon grand frère m’emmène écouter des groupes qui répètent. Là, je suis scotché et c’est fait : la musique m’a emprisonné pour toujours. Nous rentrons d’Allemagne, mon frère et moi, avec un disque de Status Quo « Just supposin’ » et c’est l’engrenage infernal : Acdc, Deep Purple, BJH, Yes, Genesis, et la descente vertigineuse vers le monde du rock progressif où même les meilleurs groupes (Amadryad) ou artistes (Philip Simons) ne peuvent vivre de cette musique ! Ensuite, j’ai tâté d’un peu tous les styles de musique, certains m’ont mâté (jazz), d’autres m’ont accroché (funk), d’autres encore m’ont fait vivre (jeune public). Puis, aux alentours de 2007, je suis revenu vers mon vrai univers : le prog.

Anna est certainement un croisement entre mon enfance et mon adolescence, entre la culture apportée par mes parents et celle engendrée par mes amis et mon grand frère Rémi, entre Francesca Solleville et Deep Purple, entre « Plaine oh ma plaine » issue du folklore russe et « The musical box » de Genesis, entre Albinoni et Judas Priest !

 

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